
Comprendre les dividendes en EURL
Qu’est-ce qu’un dividende ?
En EURL, le dividende est une somme d’argent versée à l’associé unique en contrepartie de son investissement dans le capital social de la société. Il provient des bénéfices réalisés par l’entreprise au cours d’un exercice comptable. Contrairement au salaire, il ne rémunère pas un travail fourni mais la détention de parts sociales. Pour le gérant associé unique, cette distinction est essentielle. Le salaire ouvre des droits à la protection sociale et à la retraite, tandis que les dividendes relèvent de la catégorie des revenus de capitaux mobiliers et ne donnent pas accès aux mêmes droits sociaux.Conditions préalables à la distribution
La distribution de dividendes en EURL n’est possible que si plusieurs conditions sont réunies :- L’entreprise doit avoir réalisé un bénéfice distribuable, c’est-à-dire un excédent après déduction des pertes antérieures et des sommes à porter en réserve.
- La réserve légale doit être constituée et, le cas échéant, complétée.
- Le capital social doit être intégralement libéré.
Particularité de l’EURL
La spécificité de l’EURL réside dans la présence d’un seul décisionnaire : l’associé unique. Celui-ci prend seul la décision de distribuer des dividendes, souvent par un acte écrit tenant lieu d’assemblée générale. Cette centralisation des décisions simplifie les démarches, mais impose à l’associé unique de bien connaître les règles fiscales et sociales applicables.Les étapes du versement des dividendes
Clôture des comptes annuels
Le versement des dividendes en EURL commence toujours par la clôture des comptes de l’entreprise. L’associé unique examine le résultat de l’exercice afin de déterminer s’il existe un bénéfice distribuable. Cette étape implique d’avoir respecté les obligations comptables, comme la tenue d’un compte de résultat et d’un bilan. Si l’EURL est soumise à l’impôt sur les sociétés, le bénéfice est calculé après déduction de l’impôt. Dans le cas d’une EURL soumise à l’impôt sur le revenu, le calcul tient compte directement du résultat fiscal. Cette distinction est importante, car elle influence le montant des sommes pouvant être distribuées.Décision de distribution
Une fois le résultat arrêté, l’associé unique prend la décision de distribuer tout ou partie des bénéfices sous forme de dividendes. Cette décision doit être formalisée par un procès-verbal, qui mentionne :- Le montant total des dividendes.
- La date prévue pour le versement.
- La répartition (dans le cas d’une société avec plusieurs associés, ce qui ne concerne pas l’EURL mais reste une règle de droit commun).
Versement effectif
Le versement des dividendes peut intervenir en une ou plusieurs fois dans l’année, mais la pratique la plus courante reste un paiement unique après l’assemblée d’approbation des comptes. Les sommes peuvent être transférées sur le compte bancaire personnel de l’associé unique ou portées en compte courant d’associé. Le respect des délais est important : le versement des dividendes doit intervenir dans les neuf mois suivant la clôture de l’exercice. Tout retard peut entraîner des pénalités fiscales ou des intérêts de retard.Fiscalité des dividendes en EURL
L’imposition des dividendes
En EURL, les dividendes relèvent de la catégorie des revenus de capitaux mobiliers. Depuis 2018, ils sont par défaut soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU), également appelé flat tax, au taux global de 30 %. Ce taux comprend :- 12,8 % d’impôt sur le revenu.
- 17,2 % de prélèvements sociaux.
Charges sociales sur les dividendes
Le traitement des cotisations sociales dépend du statut du gérant.- Gérant associé unique affilié au régime des travailleurs indépendants : la part des dividendes qui excède 10 % du capital social, des primes d’émission et des sommes versées en compte courant d’associé est soumise aux cotisations sociales.
- EURL avec un gérant tiers non associé : les dividendes versés à l’associé unique ne supportent pas de charges sociales mais uniquement les prélèvements sociaux.
- Cette particularité distingue l’EURL de la SASU, où les dividendes versés à l’associé unique ne sont jamais assujettis aux cotisations sociales, quel que soit leur montant.
Choix entre PFU et barème progressif
L’associé unique peut choisir entre :- Le PFU : prélèvement immédiat à 30 %, simple à gérer, sans formalités supplémentaires.
- Le barème progressif : application des tranches de l’impôt sur le revenu après abattement de 40 %, avec prise en compte des autres revenus du foyer fiscal.
Salaire ou dividendes ?
Avantages du salaire
Percevoir un salaire en tant que gérant associé unique d’une EURL présente un atout majeur : l’accès à une protection sociale complète. Cela inclut la couverture maladie, la retraite, les indemnités journalières et, dans certains cas, l’assurance chômage. Le salaire est considéré comme un revenu professionnel, soumis aux cotisations sociales, mais il ouvre des droits significatifs pour la sécurité financière à long terme. Le montant de la rémunération est fixé librement par l’associé unique, en fonction des bénéfices et de la trésorerie de la société. Cette stabilité de revenus permet de mieux planifier ses dépenses personnelles.Avantages des dividendes
Les dividendes offrent une fiscalité potentiellement plus favorable, notamment lorsque l’EURL est soumise à l’impôt sur les sociétés et que l’associé unique bénéficie du prélèvement forfaitaire unique (PFU). En deçà du seuil de 10 % du capital social, ils échappent aux cotisations sociales et ne supportent que les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu. D’un autre côté, les dividendes ne sont versés qu’en cas de bénéfices, ce qui permet d’adapter la distribution aux résultats réels de l’entreprise. Ce mode de rémunération est souvent utilisé pour compléter un salaire, dans une logique d’optimisation fiscale.Comment choisir ?
Le choix entre salaire et dividendes dépend de plusieurs critères :- Les besoins en protection sociale.
- Le niveau des autres revenus du foyer fiscal.
- La capacité de l’entreprise à générer des bénéfices réguliers.
Optimiser la fiscalité de ses dividendes en EURL
Planifier la distribution
La première étape pour optimiser la fiscalité des dividendes est de planifier le versement. En tant qu’associé unique, il est possible de décider du moment le plus opportun pour distribuer les bénéfices. Par exemple, attendre un exercice où les autres revenus du foyer fiscal sont faibles peut rendre le barème progressif plus avantageux que le prélèvement forfaitaire unique (PFU). Il faut également prendre en compte l’impact sur les cotisations sociales. Pour un gérant associé unique, rester en dessous du seuil de 10 % du capital social et des apports en compte courant d’associé permet d’éviter l’assujettissement d’une partie des dividendes aux charges sociales.Utiliser l’abattement de 40 %
Si l’associé unique choisit l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu, il peut bénéficier d’un abattement de 40 % sur le montant brut des dividendes. Cet avantage fiscal ne s’applique pas dans le cadre du PFU. Pour en profiter, il est essentiel de respecter les conditions légales :- Les dividendes doivent provenir d’une société établie dans un État de l’Union européenne ou dans un pays ayant conclu une convention fiscale avec la France.
- La distribution doit avoir été décidée régulièrement par l’associé unique et mentionnée dans un procès-verbal.